
Intelligence Artificielle : Entre défis et opportunités pour la société
Vous commencez à me connaître, chez Eclipshead, on est aussi là pour aborder des sujets qui clivent. On aime bien mettre le doigt où ça brûle et les yeux là où ça pique. Bon, faut dire qu’aujourd’hui, j’avais comme objectif de pelleter plusieurs mètres cubes de terre dans le jardin parce que c’est le retour des beaux jours et que c’est le moment, entre deux interventions, de s’occuper de la baraque. Sauf qu’en Bretagne, on est dans un multivers et chaque jour est une surprise météorologique, et là, il pleut. Donc, on va écrire et finalement, mon dos y gagnera.
On va parler intelligence artificielle. Ouais, je vais encore perdre des personnes, des ami·e·s, des inconnu·e·s, des gens de passage. Je sais qu’elles vont fuir, j’aurai encore ouvert ma gueule, tant pis. Pour aller directement à la conclusion et pour spoiler tout le monde, je suis pour. On va développer maintenant.
Les IA dans l’art
Oui, je commence direct par là où ça fait le plus grincer des dents. Je comprends les illustrateur·rice·s (je suis marié·e avec une illustratrice au passage, eh oui…), les graphistes, les artistes peintres ou tou·te·s celles qui créent du contenu graphique, artistique, physique et numérique. Mais permettez-moi de m’adresser directement à elles. Vous êtes en train de prendre le mur que la musique a pris avec le piratage à la fin des années 90. Il serait totalement inutile d’imaginer éviter la vague IA, il faut donc faire avec. Cela ne veut pas dire censurer ou interdire, bien qu’il soit évident qu’une régulation intelligente soit mise en place rapidement, car on ne va pas se mentir, tout ça est encore noyé dans un brouillard juridique. Il faut être plus malin·es que l’industrie musicale qui n’a pas su comprendre ce qu’était la bulle internet, et qui s’est fait anéantir en moins de 10 ans. Leur seule et unique idée a été d’augmenter le prix des billets de concert et de saigner les artistes. Depuis 30 ans, les billets ont augmenté de façon purement criminelle, ce qui a eu pour résultat de mettre au ban une grande partie des mélomanes peu enclin·e·s à vendre un rein pour voir leur artiste préféré·e en live. Les musicien·ne·s indépendant·e·s, celles qui ont réfléchi avant d’agir, ont créé des modèles économiques alternatifs, sont revenu·e·s à l’essentiel, plus proches de leurs fans, ont créé des projets plus humains (paradoxe ?), ont repris leur projet artistique en main alors qu’elles auraient été prêt·e·s à tuer père et mère avant pour qu’une major les signe.
Abordons plutôt l’aspect de copie intellectuelle, ou les droits d’auteur·rice. C’est effectivement compliqué. Les IA ont lancé un débat qui prendra du temps à être résolu et personne n’y trouvera son compte. La copie n’est pas nouvelle, le plagiat encore moins, ça remonte probablement aux murs de Lascaux. Alors, est-ce la faute d’une intelligence artificielle ou d’un·e utilisateur·rice qui souhaite aussi créer avec un outil nouveau ? Faut-il interdire aux personnes comme moi, par exemple, qui sais à peine dessiner un bonhomme de neige ou un robot pour les gamins, d’avoir la possibilité de dessiner ce qu’elles veulent, quand elles veulent, le personnaliser à volonté ? Sous quel prétexte ? Parce que je copierais un·e artiste ? Lequel ? Miyazaki ? Et si j’aime le style Ghibli (c’est pas vrai, c’est pour être raccord avec l’actualité), et bien oui, et ? Je ne recrée pas une œuvre, je m’en inspire, ni plagiat, ni copie. Je ne vais pas le vendre, ni en faire un film, et donc n’en tirer aucun profit. Je n’ai aucun problème éthique à le faire. Le problème serait évident si j’en faisais commerce, mais les IA n’y seraient pas pour grand-chose. Encore une fois, le marché de la copie dans l’art est bien installé et depuis des siècles. Et comme ces fonctionnalités ne sont ni payantes et accessibles à tout le monde, on est clairement pas dans un complot lancé par Terminator contre Michel-Ange. Bien que le problème du consentement existe entre les artistes et leurs œuvres qui servent à l’apprentissage des IA, ce ne sont pas celles-ci qui sont fautives d’un système qui a toujours cherché à copier l’autre. Encore une fois, une régulation est nécessaire, mais cela passera par un dialogue entre artistes et codeur·euse·s et non par une confrontation.
Je vois quelqu’un au fond de la salle qui lève la main. Pour générer une image via ChatGPT, il faut 500 millilitres d’eau, c’est une catastrophe. Et bien, c’est vrai mais plus compliqué que ça. En réalité, et comme tout matériel informatique du type data center, c’est-à-dire des énormes disques durs qui stockent toutes les données et les ordinateurs supercalculateurs qui les nourrissent en données, et bien il faut les refroidir, et cela nécessite de la flotte, une quantité faramineuse. C’est de l’eau en circuit en boucle. La chaleur fait évaporer de l’eau qui rejoint le cycle de l’eau de façon naturelle, le reste continue à refroidir les machines, et le surplus est recyclé via les circuits classiques. D’ailleurs, on entend beaucoup moins de cris et d’offuscation pour les usines de cryptomonnaies qui consomment des quantités d’électricité tellement énormes qu’elles ont besoin de leur propre centrale électrique à charbon, tout ça pour du fric virtuel. Bien entendu, certaines études prouvent que certaines infrastructures ne respectent pas ce procédé et épuisent les nappes phréatiques. Eh bien, il faut les condamner et les obliger à se mettre à des normes respectueuses. Évidemment que tout cela est énergivore, mais nous n’en sommes qu’aux débuts. Les énergies propres existent, des projets expérimentaux sont en cours. Le plus intéressant, c’est que les IA nous aideront probablement à trouver des alternatives pour être plus en accord avec l’environnement.
Les IA, ami·e·s ou ennemi·e·s ?
Même si on parle d’informatique, la réponse à cette question n’est pas binaire. L’intelligence artificielle est accompagnée de mythes et de réalités, d’exceptionnelles avancées et de réels dangers.
ChatGPT et ses copines remplaceront des humain·e·s sur des postes de travail, c’est une évidence, et pour la plupart des cas, c’est plutôt une bonne nouvelle, car les postes remplacés seront majoritairement ceux qui nécessitent peu de valeur ajoutée : travaux à la chaîne, répétition, classement, rangement, etc. Cela existe déjà dans les usines de construction automobile, ce qui a eu pour résultat de faire monter en compétence des êtres humains pour contrôler les robots qui font le travail qu’elles faisaient à la main il y a encore quelques années, sauf que maintenant, elles peuvent le faire 20 fois plus vite sans les dommages physiques. On est dans une société de rendement, donc comprenez, time is money. Il faut aussi envisager que d’autres métiers seront impactés et possiblement remplacés, comme la traduction, le développement, l’enseignement, le journalisme, et ce serait catastrophique. Il est nécessaire de trouver des alternatives humain·e·s/machines, c’est possible et préférable pour tout le monde. On est en plein darwinisme, et je ne suis personne pour juger ce qui est bon ou mauvais. Je ne suis pas Madame Irma qui peut prédire ce qui adviendra. On en a peur, on se sent en danger, mais finalement, en s’y intéressant et en l’observant sous un angle progressiste (dans le sens noble hein…), on prend le train et on avance avec, parce que croyez-le ou non, mais cela se passe déjà à l’heure où vous lisez mes réflexions dominicales. C’est un constat fataliste, et au risque de mal être compris dans mon raisonnement, les IA sont là, elles vont être de plus en plus présentes, partout, dans tous les domaines. Vous en utilisez déjà au moins une demi-douzaine par jour sans vous en rendre compte (votre téléphone, le métro, les caméras de sécurité, la télévision, votre montre, votre ordinateur, etc.).
Les IA sont désormais capables de raisonner par elles-mêmes, c’est-à-dire qu’elles n’ont plus besoin qu’on leur explique comment faire. Elles sont autonomes dans leur façon de raisonner, de créer, de construire. Contrairement à nous, êtres humains, elles réussiront à s’adapter, à s’entendre, à faire des compromis, choses que nous, terrien·ne·s, n’avons jamais réussi à faire avec nous-mêmes depuis 10 000 ans. Il faut arrêter le fantasme Sarah Connor et son copain le T-1000. Les chances que les intelligences artificielles se retournent contre les humain·e·s ne se feront pas de leur propre initiative. Si cela devait arriver, ce serait le pouce d’un bonhomme dans un hangar qui appuierait sur le bouton rouge, coucou Vladimir. Einstein disait : « Le progrès technologique est comme une hache dans les mains d’un criminel. »
L’avenir des IA ?
En réalité, personne ne peut prédire ce que les intelligences artificielles seront capables d’apporter à notre quotidien, tant leurs progrès sont rapides et prometteurs. En matière de médecine, c’est déjà une révolution. On peut prédire des cancers avant qu’ils ne commencent à apparaître, on peut créer de nouvelles molécules pour des traitements plus efficaces, on peut déjà faire tout ça, et ce n’est que le début. On peut aussi faire de meilleures prédictions météorologiques pour mieux prévenir les catastrophes telles que les typhons, les ouragans et autres cataclysmes du genre. On peut avoir des traductions automatiques et en temps réel, comme dans Star Trek, ouais, ce qui met littéralement fin à la barrière de la langue. Les voitures sont dotées d’intelligences artificielles qui peuvent vous éviter d’avoir un accident, qui, si vous piquez du nez, vous réveillent et vous maintiennent sur la route, ou encore qui arrivent à voir le piéton qui traverse avant que vous ne le percutiez. On peut maintenant avoir des logistiques optimisées qui permettent une consommation plus responsable en se basant sur les réelles nécessités d’un produit plutôt que de produire trop, à perte, et donc éviter le gaspillage de ressources. On pourrait allonger la liste pendant un long moment, mais imaginez bien que nous en sommes à l’ère pré-informatique quantique, et que quand celle-ci sera pleinement opérationnelle, couplée aux IA, nous atteindrons un niveau de connaissance comme l’humanité n’en a jamais eu accès, ce qui ouvrira la boîte de Pandore pour certain·e·s ou la plus grande avancée technologique de tous les temps pour d’autres. Personne ne peut prédire ce qui se passera à ce moment-là, mais ça ira très vite, tellement vite qu’il n’y aura pour ainsi dire plus de limites, dans le bon ou le mauvais.
Les dangers ?
Les dangers d’un outil sont fixés par l’utilisateur·rice de celui-ci. Par exemple, un marteau : je peux construire une maison avec, mais je peux aussi tuer mon voisin avec (j’ai pas de voisin, si ça peut vous rassurer). C’est la même chose avec les intelligences artificielles. Vous pouvez tenter de guérir du cancer avec, mais vous pouvez aussi perfectionner le système de guidage d’un missile intercontinental. Vous pouvez aussi créer de fausses informations, le deepfake, pratique qui consiste à créer de fausses images ou vidéos qui seront ensuite utilisées pour répandre de fausses nouvelles dites fake news. On peut aussi imaginer un régime totalitaire qui demanderait à une intelligence artificielle de servir de juge et juré avec des lois biaisées, injustes, illégales. L’IA le ferait et le ferait avec zèle, on l’a programmée pour le faire.
À mon sens, la dérive la plus répandue, qui est déjà bien en marche, est la dépendance et la perte de contrôle due à l’utilisation excessive d’IA. Elle touche tout le monde, tou·te·s celles qui utilisent les IA pour réaliser leur travail sans vérification. Exemple : un·e journaliste qui préfère demander à Gemini (IA de Google) « Écris-moi un article sur la guerre au Proche-Orient », qui l’envoie directement à son rédacteur·rice en chef qui ne le lit pas et qui le publie directement. Ça existe déjà, et c’est problématique. Dans le sens où ni le journaliste, ni le rédacteur·rice ne font leur travail qu’iles sont capables intellectuellement et physiquement de faire. Cet exemple peut être appliqué à d’autres cas. « Écris-moi un mémoire sur l’art contemporain », « Je vais t’envoyer un scan de tous les devoirs que je dois rendre lundi en physique-chimie, fais-les, avec un style humain ». L’IA fera toutes ces tâches, elle ne demande que ça. Vous, par contre, vous gagnerez du temps, mais votre travail ne sera pas de vous, pourtant vous serez payé·e pour l’avoir fait, ce qui est simplement malhonnête. L’IA doit être un outil pour vous aider à atteindre vos objectifs, pas l’outil qui va tout faire à votre place. Ça, c’est la facilité et l’abrutissement à long terme.
Conclusion
Les IA apprennent de nous, non pas pour nous imiter bêtement, ni pour nous dominer, ni pour nous remplacer. Elles apprennent pour qu’on puisse les utiliser comme une encyclopédie interactive boostée aux stéroïdes anabolisants et bientôt à la physique quantique. Il y a encore du chemin à faire pour satisfaire tout le monde mais n’ayons pas peur d’elles, au contraire, il faut continuer à créer, écrire, parler, penser, inventer, débattre. En faisant cela, nous les nourrirons et rendrons accessible le savoir à tou·te·s. Et pourquoi ne pas rêver d’une intelligence artificielle éthique ? J’en vois qui sont sorti·e·s en claquant la porte, je comprends, c’est un peu idyllique, voire naïf comme vision, je préfère l’utopie au chaos.
Bonus
Eclipshead utilise ChatGPT pour des séances de brainstorming, pour planifier des projets, hiérarchiser des actions. Je l’utilise également pour corriger mes textes (blog, réseaux sociaux). Je lui demande de reprendre mon orthographe et ma grammaire qui laissent à désirer. Elle ne touche qu’à cela, pas au style, pas au ton et encore moins à ma structure chaotique basée sur la digression et les phrases à tiroirs. Pour les images qui illustrent nos supports de communication, mes articles et autres, j’utilise Leonardo.ai, AIEASE, Canva et Freepik.ai, parce que je préfère cela plutôt que de faire comme d’autres et de prendre la photo de son auteur, alors que le visuel généré est libre de droits. Enfin, j’utilise Mistral.ai et Deepseek pour la programmation, ce qui me permet de réaliser tous mes projets d’outils pour vous aider en matière de prévention (simulateur d’alcoolémie, les autotests d’addiction, tous les outils de géolocalisation, etc.). Si je ne passais pas par ces outils pour m’aider, cela serait soit totalement impossible pour moi, n’ayant pas assez de connaissances techniques, soit extrêmement onéreux en faisant appel à un·e programmeur·euse, et l’association n’en a pas les moyens.



NEWSLETTER
Ne manquez rien d'Eclipshead, abonnez-vous à notre newsletter et recevez nos annonces, réflexions, événements et formations en avant-première.
Les derniers articles

Intelligence Artificielle : Entre défis et opportunités pour la société
Catégorie : Réflexions
13 avril 2025

Sexualité des jeunes : Entre méconnaissance, pression et pornographie
Catégorie : Réflexions
9 avril 2025