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Y’a des Jours comme ça

Publié le 10 février 2025 | Durée de lecture : 5 minutes

Catégorie(s) : Réflexions
Cobalt - Gin (2013)
Olivier Jung

par Olivier Jung

Y’a des jours comme ça où tu te demandes si tu dois continuer ou si tu dois laisser le monde s’écrouler en lui tournant le dos. C’est un peu la question que je me pose depuis des années maintenant. Parfois, tu te demandes si tout ce que tu fais a du sens, si tu es à ta place, si ça vaut le coup. Y’a des jours où rien ne fonctionne, tu t’en prends tellement plein la gueule que tu étouffes, tu tournes de l’œil et tu te sens disparaître. Y’a des jours où certains fantômes reviennent et te sourient au nez, intouchables, intouchés. Y’a des jours où tu te fais dégager violemment par des personnes censées t’aider, te comprendre, mais qui, par militantisme de comptoir, ont peur de toi. Ben oui, t’es un homme, et l’homme, c’est le mal.

En bientôt trois ans, j’ai été banni de quatre festivals parce que j’ai osé leur expliquer qu’ils avaient des problèmes, que des gens ne s’amusaient plus chez eux, qu’ils en sortaient traumatisés, abîmés, cassés. Je suis persona non grata parce que j’ai essayé d’améliorer les choses. Et tes potes t’ont tourné le dos. Ils doivent bien manger, ils sont totalement dépendants de ces événements. D’autres ne te croient pas, certains oui, mais tu comprends, c’est comme ça. Et tu as envie de te projeter contre un mur. C’est bien légitime, face à toute cette comédie.

La prévention, c’est un sujet tabou dans les organisations, surtout chez les grandes. C’est leur carte subvention, leur bristol de bienveillance, leur point presse politiquement correct. La réalité est tout autre. N’en faisons pas une généralité, car il existe des initiatives fabuleuses, mais c’est un fait bien réel. Et cela ne dérange personne.

Dans certains lieux, tu trouveras des personnes motivées, sensibilisées, et tout se passe bien. Dans d’autres, il n’y aura personne, et on te dira qu’il n’y a pas de besoin, car les violences, quelles qu’elles soient, n’existent que chez les autres. Enfin, tu pourrais aussi tomber sur des stands aseptisés, et ce sont mes préférés : marketisés, avec deux féministes de bibliothèque, inexpérimentées, qui, parce que tu es doté d’organes génitaux masculins, vont t’expliquer que tu es le mal, l’incarnation du patriarcat, et te montreront fièrement qu’elles proposent des modes d’emploi pour castrer ou émasculer. À la première remarque, tu seras raccompagné à la sortie, parce qu’il faut être de leur avis, sinon tu es l’ennemi. J’ai subi cela, et je continue de le vivre au quotidien.

La prévention, c’est avancer ensemble, pas les uns contre les autres. J’ai pas fait la Sorbonne, ça doit être pour ça que je comprends pas.

Certaines personnes dans ce milieu sont malveillantes, dangereuses, et préfèrent dépenser l’argent d’une subvention dans l’achat d’une nouvelle tente pour le bar plutôt que d’équiper correctement des équipes de bénévoles pour vous protéger.

À côté de cela, je n’ai aucune subvention. Zéro, que dalle, walou. Et pour en avoir discuté avec des personnes qui se battent, cela n’ira pas en s’arrangeant. Les subventions pour la culture, c’est fini. Alors ça va régler le problème de la prévention radicalement : y’aura bientôt plus de petits et moyens festivals, ceux qui tentaient justement de changer la donne en ayant conscience des problèmes sociétaux, en prenant à bras-le-corps leurs responsabilités, pour vous accueillir dignement dans une société toujours à la dérive.

Oui, c’est un coup de gueule. Oui, personne ne le lira, et ça ne servira à rien. Oui, je vais encore passer pour une personne jamais contente. C’est même probable que certains en rigolent. Et encore oui, on marche sur la tête.

La preuve : David Lynch est mort. Ça a fait deux minutes sur BFM TV. Depuis, Bertrand Blier a lui aussi cassé sa pipe, et on ne parle plus que de lui. Imaginez, c’est un Français. Alors on peut oublier qu’il a bâti toute sa carrière et sa filmographie sur le dédain de la femme, sur la culture beauf, avec l’acteur le plus dégueulasse que le cinéma français ait jamais vu naître.

Triste monde.

Sources
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